Référencement Web : Sarah BENMAZA, Directrice e-marketing à NVI, MONTRÉAL CANADA
Au-delà de nos frontières hexagonales, on peut se demander ce qu’est le référencement Web et ce qu’il pourrait devenir ? Quelle est son évolution ? Dans quelle atmosphère se développe-t-il ? Je vous présente donc une interview de Sarah BENMAZA, ses réponses vous donneront peut-être une idée du référencement Web outre-atlantique. Sarah BENMAZA est Directrice E-marketing à NVI Stratégie Interactive, société de conception Web et de référencement Web située à Montréal.
1) Sarah, pouvez-vous nous parler de vous ? Quelles sont vos études, votre parcours professionnel ? Comment êtes-vous arrivée dans le référencement Web ? Le référencement Web est-il l’unique tâche de votre travail dans la web agency ?
Tout en suivant mes études en commerce électronique, j’ai découvert le marketing et le monde des IT, au travers différentes expériences professionnelles :
- Etam (prêt-à-porter féminin) : étude de marché pour l’ouverture de nouvelles boutiques en Russie.
- Oceanwide.com (ERP pour la logistique) : étude du marché européen pour l’ouverture d’une nouvelle succursale.
- Bouygues Telecom : Bêta testeur et « évangéliste » de la technologie 3G et de l’Internet mobile.
- Lagrandeecole.com (site communauté des écoles de commerce en France) : Community manager du site pour mon école (ISC – 2 500 étudiants)
Après avoir obtenu ma maîtrise en E-Business/SI, j’ai intégré NVI en janvier 2006 en tant que consultante SEO et première employée en marketing. Dès lors, j’ai pris en charge la gestion éditoriale et communautaire du blog Go-Référencement.org (passant de 100 à 10 000 visiteurs par mois en 2 ans), le référencement (naturel/payant), et j’ai épaulé Guillaume Bouchard dans l’expansion du département marketing chez NVI, en passant de la gestion de compte à la direction du département.
En tant que Directrice e-marketing, j’aide dans l’organisation interne du département, supporte l’équipe dans les décisions stratégiques et la coordonne dans l’atteinte des objectifs.
Aujourd’hui le département marketing de NVI est l’un des plus importants et des plus expérimentés au Québec et au Canada. Aujourd’hui, une quinzaine de spécialistes du e-marketing constituent ce département et le font rayonner tant à l’interne qu’à l’externe. Nos différentes expertises se conjuguent dans un esprit collaboratif sur nos projets internes et les projets de nos clients.
2) Comment dites-vous “le référencement web” en Amérique du Nord ?
De nombreuses entreprises utilisent le mot « référencement », mais bilinguisme oblige, nous appelons aussi cela SEO (Search Engine Optimization). Les petites différences de vocabulaire sont peu notables, mis a part pour le référencement naturel qui se nomme plus généralement au Québec « référencement organique ». En général, les tendances et les nouveaux concepts e-marketing prennent forme en Amérique du Nord, il est donc logique que certains mots soient créés comme par exemple le SMO (Social Media Optimization) que nous francophones d’Amérique du Nord, nous avons traduit par « référencement social ».
3) Mentalité française et mentalité anglo-saxonne, comment les définiriez-vous ? Où vous situez-vous entre les deux ?
La plus grande différence entre la mentalité française et la mentalité anglo-saxonne est le degré de pragmatisme et l’intérêt porté sur le service auprès des clients. La mentalité nord-américaine est fondée sur un certain pragmatisme qui transparait dans le déploiement d’une stratégie ou d’actions pour un projet donné. Le succès d’une action est souvent jugée sur le retour sur investissement et sont définies pour un but précis. Les clients aussi sont considérés comme des partenaires d’affaires ainsi la stratégie est discutée et mise en place de manière collaborative dans l’atteinte des objectifs.
4) Comment sentez-vous le marché de l’emploi concernant les web agencies/agences de référencement au Québec ?
J’ai commencé ma carrière professionnelle dans le e-marketing/référencement au Québec. Je n’ai donc que peu de connaissances du marché français. Ma comparaison avec ce marché sera très succincte. Je pense que les marchés de l’emploi s’équivaut. Il n’existe que des formations théoriques sur le e-marketing, comme en France. Ainsi, les consultants en SEO sont plus autodidactes et ont acquis de l’expérience en travaillant sur des projets personnels ou en tant que travailleur autonome. La demande va surement augmenté durant les prochaines années, car le e-marketing prend de plus en plus de place dans les stratégies globales des entreprises.
5) La population du Grand Montréal approche les 3.7 millions d’habitants, environ 52.4% de la population de la ville est francophone (culture et langue française), 12,5% de la population est anglophone (culture et langue anglaise), 32,4% sont Néo-Canadiens et/ou Néo-Québecois (culture et langue autre que française et anglaise). Montréal est donc une ville multiculturelle. Ces statistiques sont-elles répercutées dans les sites que vous référencez ?
Le marché reste généralement bilingue sur Internet, sauf pour des sites qui visent une clientèle particulière au niveau linguistique. La loi 101 oblige les sites Québécois à présenter un site bilingue. Ceci n’est hélas pas toujours respecté ce qui peut être dommageable au niveau de l’image de l’entreprise mais aussi au niveau de son référencement !
En effet, présenter un site bilingue augmente le nombre de pages, de contenus pertinents, et de possibilités d’optimisation/positionnement sur des mots-clés. Il permet donc de centraliser vos forces en un seul point tout en pénétrant 2 marchés ! Aussi, cela serait stupide de vous couper d’une partie de votre clientèle, même infime, car vous n’avez tout simplement pas eu envie de payer un traducteur !
6) Question technique : concernant le positionnement de sites locaux (zone de chalandise locale pour des sites commerciaux) sur Google, pensez-vous que l’adresse IP (Internet Protocole) et l’extension du nom de domaine soient encore des données pertinentes pour Google ? Un site avec une IP française et une extension en .fr est-il mieux positionné qu’un site étranger sur Google pour des internautes français ?
Google permet de classer les sites en fonction de leur géocalisation principalement via l’IP. Il est donc très important que votre site soit hébergé au plus proche de son marché. Nous l’avons déjà recommandé à certains de nos clients qui se positionnaient sur des marchés secondaires et non principaux. Concernant l’extension du nom de domaine, nous conseillons generalement d’opter pour .com. Partir avec l’extension locale (ex : .fr) peut aider à se positionner sur son marché mais ceci n’est pas primordial.
Les 2 plus importants critères sont la localisation de votre site et la provenance des liens entrants. Nous avons déjà vécu ce cas de figure avec un de nos clients, ou sont site se positionnait sur Google.fr plutôt que sur Google.ca à cause de la provenance des liens entrants les plus importants. Nous avons donc dû inverser la tendance et le tout est entré dans l’ordre très rapidement.
7) Quel navigateur Web utilisez-vous dans votre travail ? Au cas où vous utiliseriez le navigateur Firefox quelles sont vos extensions favorites pour votre travail/loisirs ?
C’est sûrement un peu cliché mais je suis ne suis vraiment pas fan d’Internet Explorer que ce soit la version 7 ou les précédentes. J’utilise Firefox pour sa facilité d’utilisation et pour ses extensions incroyables ! J’utilise principalement SEOquake pour obtenir des données rapides sur un site et Web developper pour analyser la structure de ce dernier.
8) Comment souhaitez-vous évoluer professionnellement d’ici 10 ans ?
Je ne me projette pas aussi loin dans l’avenir ! Le web est un monde en pleine mouvance ! Pour l’instant je me vois continuer à travailler chez NVI et continuer à développer mes compétences en même temps que l’entreprise. Peut-être serons-nous dans le deuxieme cycle de vie de NVI ! Au yeux du CEO, Guillaume Bouchard, NVI a comme but ultime de pouvoir financer un grand projet écologique.
9) Y-a-t-il des formations de référenceur Web en Amérique du Nord ?
Les formations existantes sont en général des spécialisations marketing en cursus universitaires. Il existe une Maitrise Commerce électronique au HEC Montréal par exemple. Mais l’enseignement, comme dans des cursus semblables en France, est souvent presque dogmatique et non pratique!
10) Que conseillez-vous aux jeunes qui souhaitent se lancer dans le référencement Web ?
Il faut être tout d’abord passionné du web et comprendre le concept de ce monde intriguant. Le référencement Web n’est pas une science exacte. De nombreux blogs, livres, gurus et ressources en tout genre vous donneront quelques pistes mais sachez que personne connait exactement l’algorithme de Google mis à part ses ingénieurs. Le but est d’essayer de le comprendre et de se valider en expérimentant, et de tirer sur le levier de rentabilité le plus important, à un moment donné, pour une situation précise. Le référencement peut s’apparenter à un jeu continuel. Dites-vous que dans cette grande partie d’échecs, il y a 1000 ingénieurs de Google qui avancent en même temps que vous !