Laurent Joffrin: « Une soi-disant neutralité technique »… de Google
Selon Laurent Joffrin, représentant légal et directeur de la publication du site Nouvelobs.com, les conspirationnistes « empoisonnent la mémoire de ce cruel événement », les attentats du 11 septembre 2001.
Dans un article au sujet des complotistes du 11 septembre 2001 le journaliste fustige la neutralité du moteur de recherche Google sous prétexte que la moitié des résultats de recherche de la requête « 11 septembre » affiche des pages qui remettent en cause la « thèse officielle » de l’évènement. Voici ce que l’auteur dit :
« lorsque l’on tape “11 septembre” sur le moteur de recherches Google – qui devrait avoir honte de sa complaisance, hypocritement cachée derrière une soi-disant neutralité technique – la moitié des occurrences qui apparaissent sur la première page émanent de groupes ou d’auteurs qui remettent en question l’explication raisonnable et étayée de l’événement, au profit d’élucubrations louches et insinuantes. » Laurent Joffrin
Imposer sa vision au monde ?
Une question de bon aurait pu être posée à M. Joffrin : Faut-il que les résultats de recherche de Google – quelle que soit la requête tapée – soient à l’image d’une personne ou d’un groupe de personnes ? Et si c’était le cas, est-ce que cela renforcerait-il le caractère de neutralité des résultats – dits « naturels » – de Google ? Vouloir imposer sa propre vision dans les résultats de recherche, au travers d’un article, pour une requête précise, n’est-ce pas une tentative contraire à une aspiration qui se réclame d’un état démocratique ?
La neutralité de Google.
Pour Laurent Joffrin les États-Unis sont « la plus grande démocratie du monde ». La firme Google Inc. est née aux États-Unis, à la base sa philosophie repose également sur un principe démocratique (capture d’écran ci-dessous). Le PageRank n’a plus aussi d’importance qu’aux débuts de Google, plus de 200 critères déterminent néanmoins l’importance de chaque page Web : balise title, contenu, provenance des liens externes, etc. Le SEO de Nouvelobs.com le sait.
Si la neutralité du moteur de recherche de Google est imparfaite, et Dieu sait qu’elle est imparfaite, elle ne doit pas être un prétexte pour imposer sa propre vision du monde qu’elle soit juste ou faussée. La neutralité des résultats de recherche – et à plus grande échelle du Net – conditionne l’effectivité de la liberté d’expression. A noter que Reporters Sans Frontières dresse une liste de pays ennemis d’Internet et de pays sous surveillance… la France figure parmi la liste des pays sous surveillance.
En réalité c’est la neutralité des résultats de recherche de Google qui est contestée. Si chaque résultat de recherche était le reflet parfait de nos propres expériences, de notre propre vision du monde, nous verrions Google plutôt d’un bon oeil. L’utilisateur doit chercher et comprendre la vérité, le moteur de recherche de Google – comme tout autre outil ou média – ne lui apportera pas sur un plateau d’argent.
Ressources :
- L’article de Laurent Joffrin sur le Nouvel Observateur.
- La philosophie de Google.
- Google pratique-t-il la censure en France ?
- Google, une entreprise transparente au service du gouvernement.
Patrick EMIN
10 septembre 2011 23 h 24 minIl n’y a pas de neutralité de Google puisque les résultats de recherche sont choisis puis classés selon un algorithme conçu par des êtres humains qui ont choisi de privilégier le “buzz” au détriment de la qualité, de la vérité, de la vérifiabilité. L’algorithme de Google c’est en gros de présenter d’abord les pages les plus consultées, partagées, liées. Ces pages ne sont pas les plus intéressantes, ce sont celles auxquelles s’intéressent le plus les internautes, ce n’est pas du tout la même chose.
ya-graphic
11 septembre 2011 0 h 19 minJe parle de neutralité comme refus de prise de position. Sinon oui, la neutralité en tant qu’objectivité est illusoire. Je vous ai répondu ici: http://goo.gl/vP2Lj
Tibere
11 septembre 2011 15 h 14 minAu delà de la polémique lancée par un scribouillard de magazine grand public, on s’intéressera aux problèmes posés par l’algorithmification de notre perception du monde et des biais qu’elle induit.
Pour cela le livre suivant est trés instructif : The Filter Bubble. Plus d’info sur http://www.thefilterbubble.com )
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il ne sont pas forcément pire que le biais des magazines que l’establishment possède (Le scribouillard en question maitrise bien le premier biais donc il lui convient).
Les outils ne sont pas le problème, seul leur usage naïf l’est.
Avant on disait “l’aede l’a dit, donc c’est vrai”, puis “c’est dans un livre, donc c’est vrai”, puis “c’est dans le journal, donc c’est vrai”, puis “c’est à la radio (puis TV), donc c’est vrai”…
Avec le temps, chacun a compris que c’était juste des mensonges de nature différente.
Et qu’on en revient toujours à :
– la confiance que l’on peut avoir dans la source (qui releve toujours du conflit d’interet, plus ou moins marqué).
– les condition qui donnent accès à la source (leur controle et les modalité d’accès).
Il y a aussi ce mythe d’une information neutre, détachée d’un objectif humain… alors que tout, jusqu’au chois des mots employés, de l’espace relatif accordé (ou non) reflète toujours une préoccupation, sinon une intention…
Cordialement,
Tibere